Camp de  Breendonk

Camp de concentration en Belgique. Visite le lundi 2 avril 2007 avec ma fille, Stéphane et sa fille. Les commentaires en dessous des photos proviennent du site officiel de Breendonk.


L'horreur nazie et ses camps de concentration n'ont pas épargné la Belgique.

Le Fort de Breendonk en est une preuve à la fois émouvante et parlante.

Il s'agit en effet de l'un des camps nazis les mieux préservés d’Europe.

Breendonk n’est qu’un point dans l’univers concentrationnaire où s’est révélé cette même volonté

d’anéantissement de l’individu, ce même objectif d’asservissement et de négation de la personne humaine.

De septembre 1940 à septembre 1944, environ 3500 détenus ont séjourné à Breendonk.

La majesté du site, son aspect dantesque en font le symbole perpétuant le souvenir des souffrances,

des tortures, de la mort de tant de victimes. Breendonk, quoique petit en comparaison d’autres fut un vrai camp

où la barbarie nazie fut poussée à son paroxysme.

Le Mémorial est un lieu où règne l’ouverture la plus complète.

Ouverture tout d’abord à ceux qui, d’une manière ou d’une autre ont lutté pour la liberté ;

se sont opposés à l’oppression ; ont souffert, victimes du racisme et du fanatisme aveugles :

Anciens Combattants, résistants, prisonniers de guerre, déportés de toute nature, Juifs résistants et victimes de la Shoah, ...

Et bien au-delà, à tous ceux qui, animés du même idéal de démocratie trouvent à Breendonk les raisons de leur action.

Bien que l’histoire de Breendonk, la guerre et l’après-guerre n’incitent pas à l’optimisme,

nous voulons offrir un message d’espoir, comme ces hommes qui ont offert à l’humanité

la déclaration universelle des droits de l’homme.

 La défense et le respect de ces droits. Voilà notre cause.

 

 

« Devant nous, la porte sombre …...à gauche et à droite, une clôture en barbelés;

les bétons du Fort s’allongent devant nous ; tout autour, la campagne déserte,...

Et la peur a serré nos coeurs dans ses griffes, qui ne nous lâcheront plus.

La peur, car c’est Breendonck qui est devant nous, camp de concentration de la Gestapo belge, Breendonck-la-Mort !... ».

Avril 1943 : le prisonnier 1966, Edgard Marbaix.

 

La cantine

Les soldats et les SS, tant allemands que flamands, y tiennent leurs beuveries.

A quelques rares occasions, elle est transformée en salle de tribunal où sont jugés des prisonniers.

 

 

Dans le bureau des SS

En 1941-1942, c’est dans ce bureau que les prisonniers sont enregistrés par l’administration du camp.

Des photos vous montrent les principaux SS : à gauche les Allemands, à droite leurs hommes de main belges.

L’appel est une épreuve quotidienne terrifiante: les prisonniers sont inspectés, invectivés, parfois battus.

Le lieutenant Prauss dirige toute l’opération et le commandant Schmitt regarde d’un air hautain.

"Die unterbringung der lagerinsassen in den kasematten des forts ist eng, aber nicht erträglich"

"L'installation des résidents du camp dans les casemates du Fort est exiguë, mais supportable"

48 hommes, quelques armoires murales, des étagères pour les ustensiles de table accrochées entre les lits, un poêle et deux vases de nuit.

Depuis mai 2003, les 14 chambrées sont accessibles au public. Chacune est consacrée à un thème (les chefs de chambrée, le repas, l’atmosphère à la veille d’une exécution, les postiers de Breendonk, l’infirmerie,…).

 

En 1941-1942, deux chambres sont transformées en cellules d’isolement pour les détenus spéciaux qui doivent être tenus au secret.

Au milieu de l’année 1942, on installe la salle des tortures dite le « Bunker » pour y soumettre le nombre croissant de résistants arrêtés à un « interrogatoire poussé ».

« Le crochet fut passé dans les liens qui tenaient mes mains attachées derrière le dos. Puis on me hissa avec la chaîne jusqu’à ce que mon corps pende à environ un mètre du sol. Suspendu ainsi par les mains liées dans le dos, on ne peut se maintenir à la force des muscles qu’un très court moment seulement dans une position proche de la verticale (…) la sueur vous coule sur le front et sur les lèvres et (…) le souffle se fait court, on n’est plus en état de répondre à aucune question. Complices ? Adresses ? Points de rencontre ? C’est à peine si l’on entend encore . La vie alors concentrée tout entière en un seul endroit très circonscrit du corps, en l’occurrence les articulations des épaules, ne réagit plus, parce qu’elle s’épuise totalement à rassembler ses forces. (…) C’est à ce moment que se produisit dans le haut de mon dos un craquement et une déchirure. Je sentis mes épaules se déboîter. Le poids même du corps avait provoqué la luxation, je tombai dans le vide et tout mon corps pendait maintenant au bout de mes bras disloqués, étirés vers le haut par derrière et retournés jusqu’à se retrouver par dessus de ma tête. (…) En même temps les coups assénés avec le nerf de bœuf pleuvaient dru sur mon corps (…) C’est seulement dans la torture que la coïncidence de l‘homme et de sa chair devient totale : hurlant de douleur, l’homme torturé et brisé par la violence , qui ne peut espérer aucune aide, qui a perdu le droit de légitime défense, n’est plus qu’un corps et absolument rien d’autre. »

Jean Améry, Par-delà le Crime et le Châtiment. Esai pour surmonter l’insurmontable, Acte Sud, 1995, pp 67-68

 

Les baraquements des juifs

Ces baraquements sont construits en juin 1941, lorsque l’arrivée massive de communistes capturés après l’opération « Sonnewende » entraîne un manque de place dans les chambrées existantes. Ils sont surtout utilisés pour y loger les « Untermenschen » juifs. Fenêtres, aération, chauffage étaient donc inutiles ….

A l’origine, Breendonk était recouvert avec les terres sorties du fossé : quelque 250 000 m3. Les travaux forcés des prisonniers consistent à enlever cette couche de terre : un travail sans aucune utilité économique qui a pour unique but de miner les corps et de casser les esprits. Les prisonniers y passent 8 heures par jour, sous l’oeil attentif des SS.

Au Prince de Ligne, Président de la Croix rouge de Belgique , le Général Von Hammerstein déclare durant l’été 1941 :

« Il ne faut pas oublier que ce fort est une prison pour condamnés aux travaux forcés. Je ne voudrais certainement pas y être, mais ce genre de prison n’est pas supposé être un lieu de délice… Parmi les prisonniers, il y a des condamnés de droit commun – en général des criminels peu intéressants – des Israélites et des indésirables, c’est-à-dire des personnes que la police d’Etat considère comme dangereuses. ».

Cité par Paul M.G. LEVY, Breendonk, extraits de « Héros et Martyrs, 1940 – 1945, les fusillés », Editeur J. Rosez, Bruxelles, 1947, pp. 145 à 160.

 

A partir de novembre 1942, Breendonk fait office de « réserve » d’otages parmi lesquels l’administration militaire allemande peut choisir à loisir des victimes à fusiller. Ces exécutions se font en représailles à des attentats de la résistance. Le premier exemple se situe le 27 novembre 1942, suite à la liquidation du bourgmestre rexiste de Charleroi, Jean Teughels, par un commando des Partisans Armés.

La potence est utilisée pour la première fois le 10 mai 1943 pour pendre Fraiteur, Bertulot et Raskin, qui ont assassiné le journaliste collaborateur Paul Colin de « Cassandre ».

Au total, 164 prisonniers au moins sont fusillés comme otages et 21 sont pendus après jugement.

« Quand on allait fusiller des gens, tout cela se faisait toujours à la manière militaire. Des coups parce qu’on n’était pas bien alignés. Et alors il y avait le lieutenant Prauss qui se mettait sur une caisse parce qu’il etait petit et il fallait qu’il paraisse grand. Tout doucement il sortait un papier de sa poche. Alors il appelait dix numéros matricule. D’abord il faisait un discours sur le communisme et alors sur le « Scheiße volk ». Il nous engueulait et nous insultait.
Les hommes sont sortis des rangs. Ils sont allés se mettre contre le mur.
Alors on leurs tondait les cheveux encore une fois. Et on nous enfermait dans la chambre …et plus tard, on entendait les détonations. Alors il y avait des véritables crises d’hystérie. Il y avait des types qui se mettaient à gueuler.
C’était terrible d’entendre la chambre des juifs. Ils avaient un chant funébre qui était d’une tragédie.. Vous n’avez pas idée de ce que ça pouvait résonner ».

Wilchar

 

Tout le long des murs, vous lirez les noms de tous les prisonniers connus du camp.

Suite au jugement rendu par le tribunal militaire réuni à Malines, douze des bourreaux de Breendonk sont condamnés à mort et exécutés le 12 avril 1947 . Il s’agit de Fernand Wijss, Marcel De Saffel, Adolphus Lampaert, Jan Pellemans, Felix Brusselaers, Eugène Raes, Petrus Van Praet, Karel Carleer, Walter Obler, Sally Lewin, Guillaume Hermans et Georges Vermeulen. De nombreux autres sont condamnés à des peines de prison.

Fin 1945, le major Schmitt, ancien commandant du camp, est trouvé dans une prison de Rotterdam et transféré en Belgique. En 1949 débute son procès devant la Cour martiale. Le 25 novembre de la même année, il est condamné à mort et exécuté.

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